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PRIZES

George Louis Beer Book Prize for European international history since 1895, American Historical Association, 2003

Paul Birdsall Book Prize for European military and strategic history since 1870, American Historical Association, 2003

Stuart L. Bernath Book Prize, Society for Historians of American Foreign Relations, 2003

Edgar S. Furniss Book Award in National and International Security, The Mershon Center, Ohio State University, 2004

Akira Irye International Book Award, Foundation for Pacific Quest, 2004

 

REVIEWS

"Matthew Connelly's examination of the Algerian war for independence is a work of remarkably wide-ranging scholarship. Through an examination of the Algerians' use of great power rivalries, international media, changing standards of human rights, new concepts of national sovereignty, and the application of the different sensibilities of international relations history, social science methodology, and cultural criticism to traditional multi-archival research on three continents, this study may well serve as a model for future studies in international history."
— Prize Committee,
George Louis Beer Prize

"This outstanding study, based on an impressive array of international sources, shows that the Algerian war of independence was far more than a colonial war, but a new kind of struggle, one waged on a global battlefield using communications and media, the institutions of the United Nations, an emerging international discourse about human rights, all tied together by an effective diplomatic strategy that exploited fractures in the Cold War order."
— Prize Committee, Paul Birdsall Prize

"An ambitious book that succeeds admirably in its argument.... In scope, and persuasiveness, A Diplomatic Revolution is unlikely to be surpassed as the best book about the Algerian revolution for many years to come."
— Prosser Gifford, Journal of Cold War Studies

"Connelly's book is not a comprehensive history of the Algerian war, but a meticulous reconstruction of the global environment in which it occurred. By recasting the Algerian revolution as a contest between competing 'transnational systems' he has shined a welcome new light on a struggle that has long been treated, for practical purposes, as an episode in the history of France and its empire, without sufficient reference to the rest of the world, whose interests were most decidedly in play."
— Daniel Moran, Strategic Insights

"A brilliant volume of analysis, careful research, elegant writing, and the sensitive inclusion of multiple source materials ranging from demographic statistics to propaganda films."
— Frederick Quinn, International Journal of African Historical Studies

"Ķthoroughly researched and gracefully writtenĶ.Connelly has given us an impressive and important study, one that crosses the boundaries of both geography and discipline and which provides new insights about questions of significance not only for the Algerian war but also for politics and diplomacy during the Cold War more generally."
— Mark Tessler, Comparative Studies in Society and History

"A. J.P. Taylor observed that historians 'talk so much about profound forces in order to avoid doing the detailed work.' Connelly is not one of them. His multiarchival research is impressive, especially his pioneering work in the recently available Algerian records. Above all, he has taken an innovative analytical approach, an engaging alternative to traditional diplomatic historiography."
— Phillip Naylor, The International History Review

Monde(s) forum on L'arme secrète

 

 

L'arme secrète du FLN: Comment de Gaulle a perdu la
guerre d'Algérie


Payot & Rivages, 2011
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Read in English

Un matin du mois de mai 1961, à dix heures, trois hélicoptères de l’armée suisse traversèrent à basse altitude le lac Léman en direction d'Evian, lieu de villégiature français. L’un après l’autre, ils se posèrent sur la berge du lac, débarquèrent leurs trois passagers, puis s'envolèrent pour faire place à l’appareil suivant. Têtes baissées pour éviter les pales en rotation, les hommes ainsi rassemblés lissèrent leurs costumes, puis se dirigèrent vers le groupe d’officiels français qui les attendaient. Invisibles mais tout proches, des batteries anti-aériennes délimitaient un périmètre défensif, tandis que des patrouilles armées et des barrages routiers quadrillaient la campagne environnante. Et sous le lac, pourtant en apparence paisible, se cachaient des équipes d’hommes-grenouilles.

La délégation qui venait d’arriver représentait le "Gouvernement Provisoire de la République Algérienne" - le GPRA - , bien que ce dernier ne puisse sérieusement prétendre contrôler la moindre parcelle du territoire algérien. Tous ses ministres se trouvaient soit en exil à Tunis ou au Caire, soit emprisonnés sur une île fortifiée au large des côtes bretonnes. Ses forces en Algérie ne comptaient plus que 15000 hommes opérant par groupes de moins de dix ou vingt. Simplement équipés de mortiers et de mitrailleuses, les moudjahidines affrontaient une armée d’un demi-million d'hommes testant au même moment ses premières armes atomiques dans le désert du Sahara.  Attentats et assassinats en Algérie et en France, telles étaient les actions les plus efficaces des Algériens. Ils allaient faire 133 victimes au cours de cette première série de négociations formelles. Le chef de la délégation, Belkacem Krim, avait lui-même été à deux reprises condamné à la guillotine.  

Et pourtant, ceux que les autorités françaises craignaient le plus - et la raison de ces extraordinaires mesures de sécurité déployées à Evian - étaient leurs propres commandants militaires, ainsi que les colons installés en Algérie qui s'opposaient farouchement à ces négociations. Un mois auparavant, une junte militaire s’était brièvement emparée du pouvoir à Alger, menaçant d'envoyer des parachutistes sur Paris, tandis que l’Organisation Armée Secrète (l’OAS) - une milice terroriste composée des éléments les plus jusqu’au-boutistes parmi les colons - avait déjà assassiné le maire d’Evian parce qu’il se retrouvait par hasard associé à ce qui allait s’y passer. Et longtemps après que le sort de l’Algérie française soit scellé par les accords d’Evian presque un an plus tard, des officiers renégats et ce qui restait de l'OAS persistaient dans leurs tentatives d’assassiner De Gaulle.

Pourquoi alors de Gaulle était-il prêt à risquer sa vie et à mettre en péril la République elle-même pour céder une partie de la patrie ainsi qu’un million de citoyens d’origine européenne à des hommes qui, aux yeux de la loi française , étaient des criminels ? Après tout, il n’y avait pas eu d’équivalent algérien de Dien Bien Phu, ou même de l’offensive du Têt. Au contraire, l’armée française avait remporté la Bataille d’Alger en 1957, bouclé les frontières en 1958, et réduit dès 1960 l’armée des Moudjahidines demeurés en Algérie à des petits groupes dispersés et de plus en plus aux abois. Et pourtant, les Français ne cessèrent de céder le terrain sur la question du statut futur de l’Algérie et finirent par accepter le caractère inéluctable de la sécession au moment où l’insurrection était à son niveau le plus faible. La relation inversée entre la domination militaire de la France en Algérie et la détérioration progressive de sa position dans les négociations avec les nationalistes fut – selon les termes de Jean Lacouture, le biographe de de Gaulle – « le paradoxe suprême » de la Guerre d’Algérie.

Pour comprendre ce paradoxe, il faut tenir compte de la ténacité et du courage des rebelles qui, depuis les petites ruelles d’Alger jusqu'aux villages frontaliers du Constantinois, s’organisèrent pour combattre une répression atroce pendant plus de sept ans. Mais c'est surtout bien au-delà des frontières de l'Algérie que la réponse à cette question et à celles que se posent les historiens réside. Ce livre, basé sur des recherches dans les archives et des entretiens menés en Europe, en Afrique du Nord et aux Etats-Unis, a pour but de montrer que ce que les Algériens appelaient "la Révolution" fut de nature typiquement diplomatique, et que ses combats les plus décisifs se livrèrent sur la scène internationale. Rapports sur les droits de l’homme, conférences de presse, rassemblements de la jeunesse, telles furent les armes que les Algériens utilisèrent, plus pour mettre de leur côté l’opinion mondiale et la loi internationale que pour atteindre des objectifs militaires conventionnels. Au bout du compte, alors qu’il ne tentait que mollement de percer les barrages érigés le long des frontières algériennes, le GPRA avait rallié contre la France la majorité des voix aux Nations Unies, obtenu l’approbation des conférences internationales, et été acclamé dans la plupart des capitales. Ces succès encouragèrent les Moudjahidines à poursuivre un combat difficile. Soutenus par les armées rebelles et leurs chefs réfugiés au Maroc et en Tunisie et aidés par de pays aussi différents les uns des autres que l’Arabie Saoudite et la Chine, ils eurent raison d’un gouvernement pour qui l'impact de la guerre sur sa réputation à l'étranger était devenu une obsession. Avant tout, les Algériens gagnèrent en contournant les forces françaises et leurs barrages sur les frontières et en surmontant les barrières invisibles de la censure et de la souveraineté en Algérie. Autrefois imprenables, ces défenses physiques et intellectuelles s’avérèrent aussi obsolètes que le château d’un croisé face à l’artillerie lourde des médias internationaux et de l’Assemblée générale des Nations Unies - même s’il fallut pour les abattre un siège de sept ans et au moins 500 000 victimes.

Le combat de l’Algérie pour son indépendance fut aussi une révolution diplomatique dans le sens conventionnel du terme, dans la mesure où il contribua à réorganiser les relations internationales. Nous nous trouvons ici devant un autre paradoxe : en s’efforçant avec acharnement de contenir le conflit, la France ne parvint qu’à lui donner un retentissement encore plus grand, qui lui-même poussa les Français à accorder l’indépendance aux protectorats du Maroc et de la Tunisie et précipita le processus de décolonisation en Afrique sub-saharienne. La volonté de faire face aux financiers étrangers des rebelles, facteur non négligeable dans la crise de Suez, déclencha les événements à l’origine de la chute de la Quatrième République et du retour de de Gaulle au pouvoir. Le Général commença à retirer les forces françaises sous commandement de l’OTAN en partie pour répondre au refus des Américains de soutenir la guerre. Et l’Algérie fut, au cours de ces années-là, un point de ralliement pour les pays non-alignés et le nationalisme arabe. Pour la première fois, en effet, un peuple assujetti ne disposant pas des moyens nécessaires pour le contrôle du territoire qu’il revendiquait déclarait son indépendance et obtenait la reconnaissance qui la rendait enfin possible. Cet exemple inspira l'ANC et l'OLP, ainsi que de nombreux autres mouvements comparables.

La marche de l'Algérie vers l’indépendance, plus qu’elle n’affecta la souveraineté des états, fut le reflet des défis à relever par ces derniers, autour desquels depuis des siècles la politique internationale s'organisait. Après tout, des vagues des changements technologiques et économiques avaient déjà commencé à éroder les frontières séparant les états les uns des autres, ainsi que de la communauté internationale dans son ensemble. Il faut, afin d’évaluer l’importance de l’aspect international de la guerre et, à l’inverse, son effet à l'étranger, la situer dans ce contexte plus large. Mais il faut aussi, pour dépeindre ce contexte d’une façon qui ne reste pas superficielle, délimiter ses structures sous-jacentes. Ainsi sera révélé le troisième paradoxe de la Guerre d’Algérie - et la troisième dimension de cette révolution diplomatique : la manière dont, en intégrant des marchés, des flux migratoires et de nouveaux moyens de communication de masse, la "globalisation" exacerba les conflits culturels et fut à l’origine d’une fragmentation politique accrue. La Guerre d’Algérie devient alors un laboratoire permettant d’observer la rapidité des tendances qui balayèrent le monde de la Guerre Froide et modelèrent l'époque contemporaine.

Cette introduction esquisse les grandes lignes de chacun de ces trois arguments, en commençant par la lutte sur le plan international, pour s’intéresser ensuite à ses effets sur le système mondial, et enfin conclure sur la façon dont elle peut nous aider à comprendre les transformations actuelles des relations entre nations. Les chapitres qui suivent se donnent pour but d’avancer et de soutenir ces arguments, à travers le récit des origines de la guerre, de son déroulement et de ses conséquences...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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